Alors que la population haïtienne descend dans la rue pour dénoncer la montée incontrôlée des gangs armés, le Conseil présidentiel de transition (CPT) semble privilégier la rhétorique politique à l’action concrète et immédiate. Le président du CPT, Fritz Alphonse Jean, dans son message à la nation, dit avoir entendu la voix du peuple qui réclame des mesures fermes contre les gangs, mais ses déclarations révèlent une lenteur inquiétante face à la gravité de la situation.
Le président de la CPT, tout en reconnaissant le chaos dans lequel se trouve le pays, semble plus préoccupé par la lutte contre les acteurs politiques qu’il qualifie d' »abolotcho ». Jean met en garde contre ceux qui chercheraient à manipuler la crise à leur profit, en oubliant de s’attaquer aux vrais coupables : les gangs et l’inefficacité de l’Etat face à leur prolifération. En se focalisant sur cette rivalité politique, il détourne l’attention des véritables défis sécuritaires qui affectent la vie quotidienne de millions de citoyens.
La proposition d’enrôler les membres de la BSAP dans la lutte contre les gangs, bien qu’apparemment positive à première vue, soulève de nombreuses questions. Pourquoi cette initiative n’a-t-elle pas été mise en place plus tôt ? La lenteur des procédures administratives et la publication prochaine d’une résolution sur cette question montrent que le CPT semble toujours en retard par rapport à l’urgence de la situation. Alors qu’ils attendent depuis des mois la mise en place de mesures, les gangs continuent de semer la terreur.
De plus, le discours de Fritz Alphonse Jean, bien que rassurant pour certains, n’apporte aucune solution immédiate ou structurelle. La résolution attendue, qui reste dans le cadre de projets non finalisés, révèle une volonté de gérer la crise de manière trop politique, sans véritable stratégie sécuritaire. Les populations, qui réclament des actions immédiates et décisives, semblent une fois de plus prises en otage par une rhétorique dépourvue de résultats concrets.
Ainsi, malgré les promesses et les déclarations de la CPT, l’absence d’actions efficaces et la priorité donnée aux jeux politiques continuent de saper les espoirs de sortie de crise. Le peuple haïtien mérite plus que des mots : il a besoin d’une réponse rapide et déterminée pour que la paix et la sécurité soient rétablies.