Le 1er mai 2025, le gouvernement haïtien a adressé ses félicitations à Mark Carney, le nouveau Premier ministre canadien, et aux députées d’origine haïtienne récemment élues. Dans sa déclaration, le Premier ministre haïtien Alix Didier Fils-Aimé a salué la « maturité démocratique » du Canada et le « dynamisme de la diaspora haïtienne ». Une déclaration qui, à première vue, semble anodine. Mais dans le contexte haïtien, elle résonne comme une insulte à l’intelligence collective.
En effet, alors que nos dirigeants applaudissent les processus démocratiques étrangers, Haïti reste plongé dans une profonde crise institutionnelle. Aucune élection n’a été organisée dans le pays depuis 2016. En janvier 2023, le mandat des dix derniers sénateurs a expiré, laissant Haïti sans aucun élu au niveau national. Le pays est désormais dirigé par un gouvernement non élu, sans parlement, ni députés, ni sénateurs.
Cette situation est d’autant plus alarmante que la violence des gangs s’intensifie, notamment à Port-au-Prince, où les affrontements entre groupes armés, forces de l’ordre et milices d’autodéfense ont fait au moins 150 morts et 20 000 déplacés en novembre 2024. Le gouvernement haïtien semble dépassé par la situation, ce qui accroît l’incertitude et les craintes pour l’avenir du pays.
Dans ce contexte, les félicitations adressées aux élus canadiens apparaissent comme une tentative de détourner l’attention de l’incapacité des autorités haïtiennes à restaurer la démocratie dans leur propre pays. Il est temps que nos dirigeants cessent de se cacher derrière des discours creux et prennent des mesures concrètes pour organiser des élections libres et transparentes. La démocratie ne peut pas être un luxe réservé aux autres.
Haïti mérite plus que des félicitations diplomatiques. Il mérite des dirigeants responsables, déterminés à rétablir l’ordre constitutionnel et à redonner la parole au peuple haïtien. Il est grand temps de passer des paroles aux actes.