L’avenir de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), dirigée par le Kenya, est sérieusement assombri par des promesses de financement qui tardent à se concrétiser. Entre l’inertie américaine et les blocages récurrents au Conseil de sécurité de l’ONU, le spectre d’un retrait prématuré plane sur cette initiative internationale destinée à répondre à la crise sécuritaire en Haïti.
Selon le Miami Herald, à peine 21 millions de dollars ont été débloqués sur les 110 millions initialement annoncés. Ce déficit budgétaire compromet non seulement le fonctionnement de la mission, mais aussi son déploiement effectif : le nombre de militaires n’a jamais atteint les 2 500 prévus. A cela s’ajoute le désengagement progressif des pays partenaires, dont l’enthousiasme initial semble s’estomper au fur et à mesure que les obstacles logistiques et financiers s’accumulent.
Cette situation révèle les limites d’un engagement international fondé sur des promesses fragiles et une coordination politique aléatoire. Alors que la MMAS peine à s’implanter sur le terrain, les doutes se multiplient quant à la viabilité même de cette intervention sécuritaire. Le manque de moyens ne fait que renforcer les vulnérabilités d’un pays laissé à la merci des groupes armés et qui a besoin d’un soutien réel et durable.
Face à l’inefficacité croissante de la mission, certains observateurs se demandent si le Conseil présidentiel de transition (CPT) ne pourrait pas envisager de recourir aux services d’une société militaire privée pour répondre à l’urgence sécuritaire. Une telle décision, bien que controversée, jetterait les bases d’un débat crucial sur la souveraineté, l’efficacité et la moralité des interventions dans des contextes de crise prolongée.
Qu’elle soit internationale ou privée, toute solution doit être fondée sur la transparence, la responsabilité et le respect des droits fondamentaux. À défaut, les tentatives de sécurisation risquent d’alimenter la méfiance de la population et d’aggraver le fossé déjà profond entre les institutions nationales, les partenaires étrangers et la société civile.