À neuf mois de la passation de pouvoir prévue avec un gouvernement démocratiquement élu en février 2026, le Conseil électoral provisoire (CEP) d’Haïti reste silencieux, suscitant interrogations et inquiétudes dans un pays plongé dans une crise multidimensionnelle.
Une institution en quête de légitimité
Depuis sa création, le CEP a eu du mal à remplir sa double mission d’initier une réforme constitutionnelle et d’organiser des élections dans un délai court. Bien que le Conseil ait été complété en décembre 2024 avec la prestation de serment de ses neuf membres, le processus de nomination a été entaché de controverses et de critiques de la part de divers secteurs de la société haïtienne, remettant en question sa légitimité et sa capacité à mener à bien ses missions . 
Des défis sécuritaires et logistiques majeurs
Le contexte sécuritaire en Haïti complique encore la tâche du CEP. La montée en puissance des bandes armées, qui contrôlent environ 80% de Port-au-Prince, rend difficile l’organisation d’élections crédibles. La violence généralisée a entraîné la suspension des activités de Médecins sans Frontières et des déplacements massifs de population, affectant la capacité des citoyens à participer au processus électoral .  
Un calendrier électoral incertain
Initialement, un référendum constitutionnel était prévu en mai 2025, suivi d’élections générales vers la mi-novembre 2025. Cependant, le président du CEP, Patrick Saint-Hilaire, a reconnu en mars 2025 qu’il ne serait pas possible d’organiser le référendum en mai, compromettant ainsi les élections générales prévues… 
Vers une transition démocratique compromise ?
Alors que le mandat du Conseil présidentiel de transition (CPT) doit expirer le 7 février 2026, que des élections soient organisées ou non, le manque d’action visible du CEP et les défis persistants laissent planer le doute sur la possibilité d’une transition démocratique réussie. La communauté internationale et la société civile haïtienne appellent à des mesures concrètes pour garantir des élections libres, transparentes et inclusives, condition sine qua non pour restaurer la confiance dans les institutions et assurer la stabilité du pays.  
Dans ce contexte, le CEP se trouve à la croisée des chemins : soit il parvient à surmonter les obstacles et à organiser des élections crédibles, soit il risque de devenir un nouveau symbole de l’incapacité des institutions haïtiennes à répondre aux aspirations démocratiques de la population.