L’ombre de l’arbitraire plane à nouveau sur la justice haïtienne. Ce Vendredi 9 mai, l’ancien député Alfredo Antoine, arrêté depuis plus d’un mois par la Direction centrale de la police judiciaire, a été libéré à l’issue d’une audience au parquet de Port-au-Prince. Aucune suite judiciaire n’a été annoncée.
Pourtant, les charges qui pèsent sur lui sont lourdes : attentat à la sûreté de l’Etat, assassinat, association de malfaiteurs et complicité de gangs. Dans un État de droit, toutes ces accusations devraient faire l’objet d’une procédure rigoureuse, transparente et publique.
Or, l’audition, menée par le commissaire du gouvernement Frantz Monclair, s’est déroulée dans une opacité quasi-totale. Aucune déclaration officielle n’a été faite pour expliquer les raisons de la libération. Cette absence de justification alimente la méfiance et renforce les soupçons d’ingérence ou de tractations en coulisses.
Le flou qui entoure cette affaire dénote une normalisation inquiétante du silence institutionnel, dans un contexte où les connexions entre personnalités politiques et réseaux criminels sont régulièrement dénoncées. Une fois de plus, la justice semble agir sans rendre de comptes à la population.
A l’heure où l’insécurité et l’impunité minent le pays, cette affaire souligne l’urgence d’une réforme en profondeur du système judiciaire haïtien. Sans transparence, sans impartialité et sans une réelle volonté d’appliquer la loi, la justice ne pourra pas regagner la confiance des citoyens.