Alors que l’insécurité s’aggrave en Haïti et que les gangs armés étendent leur emprise sur la capitale, un projet controversé de recrutement de vétérans haïtiens-américains suscite d’intenses débats au sein de la diaspora et des cercles diplomatiques. L’homme à l’origine de cette initiative, Rod Joseph, est un ancien militaire devenu entrepreneur en Floride, spécialisé dans la formation d’agents de sécurité.
M. Joseph a récemment révélé au New York Times qu’il avait été approché par Erik Prince, fondateur de la tristement célèbre société militaire privée Blackwater. Ce dernier lui aurait proposé de participer à un projet visant à envoyer des soldats retraités en Haïti pour aider le gouvernement à lutter contre les groupes armés.
Ce projet, initialement considéré comme soutenu par Washington, ne serait désormais plus sous la supervision des autorités américaines, mais uniquement entre les mains de l’administration haïtienne. Cette évolution inquiète Rod Joseph. Selon lui, l’absence de contrôle externe pourrait ouvrir la voie à des abus. « Sans l’implication du gouvernement américain, il n’y a pas de garde-fous, pas de responsabilité », affirme-t-il.
L’entrepreneur haïtiano-américain refuse de fournir à Erik Prince les noms des vétérans. Il exige des détails précis sur la nature de la mission et un cadre de contrôle clair avant tout engagement. Ce refus illustre la méfiance d’une partie de la diaspora à l’égard de l’idée d’une intervention privée non régulée.
Ce débat intervient alors que la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS), menée par le Kenya avec le soutien des Nations Unies, peine à produire des résultats tangibles. Dans ce contexte d’incertitude, des acteurs privés tentent de combler le vide sécuritaire, au risque de remplacer une absence d’État par des forces sans légitimité.
La perspective du retour de personnalités comme Erik Prince, dont les opérations passées ont souvent été marquées par des violations des droits de l’homme, ravive des souvenirs douloureux et interroge sur les intentions réelles de ce type d’engagement.