De 45 minutes de vol à 12 heures de cauchemar. Samedi 2 h PM, un vol de Sunrise Airways laissa Port-au-Prince à destination de Santo Domingo. L’appareil estampillé GO Puerto Plata ne parviendra jamais à se poser dans la capitale dominicaine inondée, malgré deux tentatives d’atterrissage. L’avion qui a frôlé la catastrophe a dû réaliser deux atterrissages d’urgence à la Romana et à Punta Cana.
A bord 101 voyageurs plus l’équipage. Les vols pour Nicaragua étant interdit depuis Port-au-Prince, le circuit vers Santo Domingo est de plus en plus sollicité. La compagnie Sunrise jumela ses deux vols du jour optant ainsi pour un plus gros appareil.
Après 20 minutes de vol, le pilote annonce qu’il enclenche le processus pour atterrir sur l’aéroport Las Americas. L’avion descend et à tout juste quelques mètres de la piste, le commandant remet les gaz. Bon, jusque-là ce n’est pas trop grave. C’est une procédure habituelle quand la situation au sol ne permet pas de poser l’appareil en toute sécurité. Après des minutes de turbulence, le pilote annonce un atterrissage d’urgence à La Romana en attendant que la situation s’améliore sur Santo Domingo.
Au sol, les informations qui proviennent de la capitale sont accablantes. Forte pluie et beaucoup de vent. Les images de la ville inondée commencent à circuler. Des passagers ont même montré les images à l’équipage de l’avion. Santo Domingo est en alerte rouge. Les inondations feront en tout une trentaine de victimes.
Au bout de quelques heures, contrairement à toute attente, le commandant annonce que l’avion va redécoller à direction de Santo Domingo. Mais que voulez-vous, Sunrise et la compagnie qui sous-traite le vol ont choisi de mettre en péril la vie d’une centaine de personnes au lieu de les prendre en charge la nuit.
Choz di, choz fèt, l’appareil décolle dans le noir, sans visibilité, affrontant l’orage et de violents coups de vent. Ce dernier vol a été la plus grande frayeur de la vie de nombreux passagers, selon leurs temognages. L’appareil plonge à plusieurs reprises, secoue dans tous les sens. A bord c’est la panique totale parmi les voyageurs qui pleurent et supplient le très haut alors que se partage l’impression que l’équipe était en train de perdre le contrôle de l’appareil qui plongeait.
Après de longues minutes où la catastrophe a été évitée de justesse, c’est un commandant essoufflé, la voix tremblotante qui annonce un nouvel atterrissage d’urgence cette fois-ci à Punta Cana. Il est 7 heures du soir. Le commandant annonce la fin du vol, ajoutant du coup que la compagnie cherche un hôtel où loger tous les passagers. Bobin Fil.
L’équipages et les ambulanciers de l’aéroport de Punta Cana prennent en charge deux personnes dans un état grave. Le temps passe, l’avion n’a toujours pas débarqué. Il n’a pas l’autorisation de débaquer selon le commandant. L’équipage presque dépassé donne une autre version. Sunrise n’entant pas prendre en charge les passagers contrairement à ce que l’aviateur avait annoncé peu avant. Les voyageurs traumatisés par ce voyage interminable sont sans nouvelle du Sunrise. Pas un texto, pas un email, pas même une note d’excuse de la Sunrise…
Finalement l’avion débarquera trois heures plus tard. Et pour compenser le tout, Sunrise entasse tout le monde dans deux bus à 10 heures du soir pour Santo Domingo par la route.
Louis-Joseph Olivier