La crise migratoire haïtienne met en lumière une dynamique complexe entre la République dominicaine et le Conseil présidentiel de transition (CPT). Alors que des milliers d’Haïtiens sont victimes d’un système migratoire implacable et discriminatoire, le silence du CPT, et en particulier de son président Leslie Voltaire, soulève de profondes questions. Est-ce de l’indifférence, de la prudence ou un signe de dépendance à l’égard de la République voisine ?
D’un point de vue politique, la situation met en lumière un problème récurrent en Haïti : l’absence d’un leadership efficace engagé dans la défense des droits de ses citoyens. Le Conseil présidentiel de transition, censé incarner une forme de renouveau institutionnel, est étrangement discret face à une crise humanitaire qui aurait nécessité une mobilisation internationale immédiate.
Ce silence est d’autant plus déconcertant que Leslie Voltaire, chef du CPT, se rend lui-même régulièrement en République dominicaine pour des soins médicaux. Ce choix personnel, dans un contexte où l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) est fermé depuis des mois, pose la question de sa capacité à défendre les intérêts haïtiens vis-à-vis de ce pays. Peut-on sérieusement attendre de quelqu’un dont la santé dépend d’infrastructures dominicaines qu’il se dresse contre un système qui opprime ses concitoyens ?
Au-delà de l’aspect médical, cette crise met en lumière la faiblesse des institutions haïtiennes à défendre leur propre peuple. Le Conseil présidentiel, qui devrait formuler des réponses politiques à cette crise migratoire, semble paralysé par des intérêts personnels et une dépendance croissante à l’égard d’un pays qui, paradoxalement, traite avec mépris les Haïtiens présents sur son sol.
Il serait cependant injuste de réduire cette inaction à une simple question de loyauté individuelle. Le contexte national, marqué par l’effondrement du système de santé, la fragilité des institutions et l’instabilité politique, n’est pas propice à une réponse claire et déterminée à la crise. Pourtant, l’urgence de la situation exige des actions concrètes, ne serait-ce que pour montrer que les autorités haïtiennes ne sont pas insensibles à la souffrance de leur peuple.
La République dominicaine, sous la présidence de Luis Abinader, mène une politique migratoire stricte et souvent brutale, laissant de nombreux Haïtiens dans une situation extrêmement précaire. Pourtant, le Conseil présidentiel haïtien, plutôt que de condamner ces agissements, reste muré dans un silence qui ressemble de plus en plus à une abdication de ses responsabilités.
La question qui se pose alors est la suivante : comment un pays peut-il espérer se hisser sur la scène internationale si ses propres dirigeants se révèlent incapables de prendre position dans les moments critiques ? Le Conseil présidentiel, sous la direction de Leslie Voltaire, est-il encore capable de défendre les intérêts d’Haïti, ou n’est-il que le reflet de la dépendance croissante du pays à l’égard de ses voisins ?
A l’heure où la communauté internationale attend un plaidoyer en faveur des Haïtiens marginalisés, le silence persistant du CPT pourrait bien marquer une rupture définitive entre les aspirations du peuple et la capacité de ses dirigeants à répondre aux défis du moment.