Le 12 mai 2025, le ministre haïtien de la Justice et de la Sécurité publique, Patrick Pélissier, a adressé une directive au commissaire du gouvernement du tribunal de première instance de Port-au-Prince, Frantz Monclair, ordonnant la mise en œuvre de mesures conservatoires à l’encontre de plusieurs citoyens haïtiens sanctionnés par l’Organisation des Nations Unies (ONU). Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la résolution 2653 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée en octobre 2022, qui établit un régime de sanctions visant les individus et entités menaçant la paix, la sécurité et la stabilité en Haïti.
Des personnalités ciblées par les sanctions
Parmi les personnes concernées figurent des figures notoires du paysage criminel haïtien :
1. Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », ancien policier devenu chef de gang, dirige la fédération criminelle « Famille G9 et alliés ». Il a été le premier à être sanctionné en octobre 2022 pour des actes menaçant la paix, la sécurité et la stabilité d’Haïti.
2. Johnson André, alias « Izo », chef du gang « 5 Segond », actif à Port-au-Prince.
3. Renel Destina, alias « Ti Lapli », chef du gang « Grand Ravine », impliqué dans des activités criminelles violentes.
4. Wilson Joseph, alias « Lanmo San Jou« , chef du célèbre gang « 400 Mawozo », connu pour ses enlèvements massifs.
5. Vitel’Homme Innocent, chef du gang « Kraze Barye », impliqué dans des actes de violence et de trafic d’armes.
6. Victor Prophane, ancien parlementaire, accusé d’être impliqué dans le trafic d’armes et d’avoir utilisé la violence à des fins politiques.
7. Luckson Elan, chef du gang « Gran Grif », impliqué dans des activités criminelles.
Selon un récent rapport des Nations Unies, ces individus jouent un rôle central dans la tentative de faire échouer la transition politique en cours. En attaquant régulièrement les infrastructures et les équipements de la Police Nationale, notamment dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite, ils contribuent à maintenir un climat d’insécurité qui empêche l’organisation d’élections libres et démocratiques.
Des mesures conservatrices pour renforcer les sanctions
Le ministre Pélissier a prescrit deux mesures principales au commissaire du gouvernement de Port-au-Prince :
– Le gel immédiat de tous les comptes appartenant aux individus sanctionnés sous le régime de l’ONU, ainsi que ceux appartenant à leurs complices, conformément aux dispositions de la Résolution 2653 du Conseil de Sécurité de l’ONU et à celles du Décret du 30 avril 2023 sanctionnant le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération des armes de destruction massive.
– L’injonction à toutes les institutions spécialisées et de contrôle financier d’enquêter sur toutes les activités financières de ces personnes sanctionnées.
Ces mesures visent à renforcer l’efficacité des sanctions de l’ONU en asséchant les ressources financières des individus et entités impliqués dans des activités criminelles déstabilisatrices. 
Des défis persistants dans la mise en œuvre des sanctions
Malgré ces décisions, certaines personnalités comme Jimmy Chérizier continuent de circuler librement dans le pays, au vu et au su des autorités, alors qu’elles sont activement recherchées par la Police nationale d’Haïti et les États-Unis. Cette situation soulève de nombreuses questions sur l’efficacité réelle de l’action de l’Etat et sur la volonté politique d’éradiquer les réseaux criminels.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a renouvelé pour une année supplémentaire, jusqu’au 18 octobre 2025, le régime de sanctions appliqué à ceux qui soutiennent la violence en Haïti. Ce renouvellement témoigne de l’inquiétude persistante de la communauté internationale face à la situation sécuritaire en Haïti.  
A l’heure où le pays tente de retrouver un semblant de stabilité, ces mesures de précaution pourraient représenter un pas significatif vers une plus grande responsabilisation des acteurs. Mais leur succès dépendra largement de la rigueur avec laquelle elles seront appliquées.
La mise en œuvre effective des sanctions et des mesures de précaution nécessite une coordination étroite entre les autorités haïtiennes, les institutions financières et la communauté internationale. Seule une action concertée permettra de rétablir la sécurité et l’État de droit, et de créer les conditions d’une transition politique réussie en Haïti.