Dans une République dominicaine où les droits des Haïtiens sont régulièrement bafoués, le silence de l’Etat haïtien devient insupportable. Pourtant, une voix s’élève, celle de l’ancienne ministre des Affaires étrangères Dominique Dupuy, qui refuse de détourner le regard. Sur son compte X, elle met en garde : « Rester neutre face à l’injustice, c’est choisir le camp de l’oppresseur. » Une citation lourde de sens à l’heure où le silence officiel confine à l’abandon.
Le discours de Dominique Dupuy n’est pas un discours d’émotion. Il s’appuie sur un article du journal espagnol El País, qui révèle des cas choquants : en République dominicaine, des Haïtiens auraient été contraints de subir des violences sexuelles pour éviter d’être expulsés. Ces faits, aussi graves soient-ils, n’ont suscité aucune réaction de la part de Port-au-Prince. Pas de communiqué de presse, pas de protestation, pas un mot.
Ce silence n’est pas nouveau, mais il devient aujourd’hui le symbole du désengagement de l’Etat haïtien vis-à-vis de sa diaspora la plus vulnérable. Lorsqu’elle était ministre, Dominique Dupuy a osé dénoncer ouvertement ces abus, même sous la pression. Son attitude était si dérangeante que le gouvernement dominicain a exigé son départ. Ce courage, devenu rare dans la classe politique actuelle, rappelle à quel point la diplomatie haïtienne a été vidée de toute force morale.
Le silence du gouvernement n’est pas seulement une erreur politique, c’est une trahison. Car pendant qu’Haïti s’efface, ses citoyens souffrent d’humiliation, d’exclusion et de peur. L’absence de réponse officielle transforme la tragédie des migrants en une crise invisible. Dominique Dupuy refuse cette invisibilité imposée. Elle prend la parole, seule peut-être, mais avec clarté.
Et dans ce vide, sa voix devient une alarme : ce n’est pas seulement la République dominicaine qui est en procès, c’est aussi Haïti, incapable de défendre les siens. Refuser de nommer l’injustice, c’est s’en faire le complice. Le silence du gouvernement haïtien confirme ce que beaucoup craignent : il a choisi de ne pas voir.