Une fois de plus, le corps des femmes haïtiennes est utilisé comme champ de violence et d’humiliation, cette fois dans le silence assourdissant de ceux qui prétendent les représenter. Selon le journal espagnol El País, des agents de l’immigration dominicaine ont violé plusieurs femmes haïtiennes à Punta Cana pour empêcher leur déportation vers Haïti. Ce scandale, d’une gravité sans précédent, n’a suscité ni condamnation officielle ni action diplomatique forte de la part des autorités haïtiennes.
Au lieu de défendre les droits de ses concitoyens, le gouvernement haïtien semble s’enfoncer dans une logique de compromis. Dominique Dupuy, ancienne ministre des Affaires étrangères, aurait payé le prix de son courage en dénonçant les traitements inhumains infligés aux Haïtiens par les autorités dominicaines. Poussée vers la sortie par le président dominicain Luis Abinader, elle a été remplacée par Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, un homme dont le silence face à ces atrocités est aussi stratégique qu’inquiétant.
Ce silence n’est pas anodin. Il témoigne d’une diplomatie haïtienne devenue docile, plus soucieuse de plaire à ses partenaires étrangers que de défendre les intérêts de son propre peuple. En République dominicaine, les violations des droits de l’homme à l’encontre des migrants haïtiens sont monnaie courante, mais lorsque la violence prend la forme d’un viol institutionnel, cela devrait faire l’effet d’une onde de choc. Pourtant, l’indifférence règne dans les couloirs du pouvoir haïtien.
Le gouvernement dominicain, quant à lui, continue de manœuvrer sans vergogne, conforté par l’inaction haïtienne. En plus d’avoir influencé le renvoi d’un ministre haïtien, il entretient un discours sécuritaire et xénophobe, tout en laissant ses forces de l’ordre commettre l’impensable. Cette situation révèle une fracture profonde dans la relation entre les deux pays, où la République dominicaine impose ses règles et Haïti en fait les frais sans mot dire.
Ce silence est une trahison. Une trahison de ces femmes violées, des Haïtiens en exil, de la dignité humaine. Il est urgent que la société civile, les journalistes, les avocats et les militants se mobilisent pour demander justice. Car si l’Etat haïtien a choisi de se taire, la voix du peuple ne doit pas faiblir.