Il y a des moments charnières où la transition révèle ses véritables rapports de force. Le bras de fer qui a opposé ces dernières semaines le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé au Conseil Présidentiel de Transition (CPT) en est l’illustration la plus éloquente. À l’issue de cette confrontation, le verdict politique est sans appel : le chef du gouvernement en ressort renforcé, tandis que les membres du CPT semblent désormais relégués au rôle de simples marche-pieds institutionnels.
L’annonce, ce vendredi, de l’accélération du processus d’approbation du décret électoral n’est pas un hasard du calendrier. Elle marque une reprise en main assumée. En s’imposant face au CPT, le Premier ministre réaffirme son leadership et impose son rythme à une transition jusque-là minée par les dissensions internes. La Primature veut donner l’image d’un pouvoir qui avance, qui tranche et qui prépare enfin le retour à l’ordre constitutionnel.
Mais cette dynamique soulève une question fondamentale : une transition où l’équilibre des pouvoirs bascule au profit d’un seul pôle est-elle encore fidèle à l’esprit du compromis initial ? La coordination mise en avant dans les communiqués officiels masque mal la réalité d’une recomposition profonde où le CPT perd peu à peu son influence.
La relance de l’agenda électoral est une nécessité. Encore faut-il qu’elle s’inscrive dans un cadre réellement partagé, transparent et crédible. Si l’autorité retrouvée du Premier ministre peut sortir la transition de l’impasse, elle ne doit pas pour autant se transformer en domination. Une transition se construit sur un équilibre assumé et une confiance mutuelle.



