L’affaire qui oppose Fabrice Rouzier à Joé Dwèt Filé et Tonton Bicha continue de faire polémique. Après avoir porté plainte pour violation des droits d’auteur sur la chanson « Je Vais », Fabrice Rouzier se retrouve au cœur d’une polémique : il n’est pas l’auteur de la chanson en question. En effet, la chanson a été créée par les Frères Dodo, figures importantes du patrimoine musical haïtien.
Fabrice Rouzier a bien interprété la chanson en 2002, lui donnant une touche personnelle. Mais selon plusieurs voix dans le monde de la musique, cela ne lui donne pas le droit exclusif d’en revendiquer la propriété. En Haïti, il est courant que les chansons se transmettent de génération en génération, qu’elles soient reprises, réinventées et adaptées par différents artistes.
Certains observateurs estiment que l’action en justice de Rouzier est motivée par la crainte que sa version de Joé Dwèt Filé, remixée avec Burna Boy, ne rencontre un large succès, voire une reconnaissance internationale. D’autres y voient même un signe de jalousie ou une volonté de contrôle, plutôt qu’un véritable souci de défendre le droit d’auteur.
Cette affaire soulève une question importante : qui est propriétaire d’une œuvre musicale dans un pays où la culture est largement fondée sur la tradition orale et la transmission collective ? Peut-on réellement parler de plagiat lorsqu’un artiste s’inspire d’une chanson qui fait déjà partie de l’imaginaire collectif ?
Pour certains, cette plainte met en péril la liberté de création. Car si chaque interprète s’approprie une œuvre au point d’empêcher les autres d’y toucher, c’est toute la vitalité de la musique haïtienne qui en pâtit.
Au lieu d’alimenter les tensions, de nombreuses voix appellent à une plus grande solidarité au sein de la communauté artistique. Le patrimoine musical haïtien est un trésor commun. Et c’est en encourageant les échanges, les collaborations et les réinterprétations que cette richesse continuera à vivre et à rayonner.