Le 22 mai 2025, le Comité national de pilotage de la Conférence nationale a officiellement remis au Conseil présidentiel de transition (CPT) un avant-projet de nouvelle Constitution. Ce document marque l’aboutissement de plusieurs mois de travail depuis la mise en place du comité le 23 août 2024. Il devrait servir de base à la nouvelle gouvernance institutionnelle, à travers un référendum initialement prévu le 11 mai.
Cependant, loin de faire consensus, le texte soulève déjà une vague de critiques au sein de la société haïtienne. Plusieurs voix de la société civile et du secteur politique dénoncent un processus opaque et non représentatif. Selon elles, les travaux de la commission ont été menés sans large consultation, alimentant un sentiment d’exclusion et de méfiance à l’égard du projet constitutionnel.
L’un des points les plus controversés concerne la structure du pouvoir exécutif. Les critiques dénoncent une tendance à la concentration de ce pouvoir au sommet de l’État, ce qui remettrait en cause les principes d’équilibre et de séparation des pouvoirs. Ce choix inquiète de nombreux observateurs, qui craignent une dérive autoritaire dans l’organisation de l’État.
Par ailleurs, la suppression des Conseils d’administration des sections communales (CASEC) et des Assemblées des sections communales (ASEC) a été vivement critiquée. Pour certains acteurs, cette décision affaiblit dangereusement la gouvernance locale. Ils rejettent également l’introduction de dix gouverneurs, une formule jugée centralisatrice et inadaptée aux réalités du pays.
D’autres critiques portent sur les nouvelles conditions d’âge pour accéder aux fonctions électives. Beaucoup estiment que ces restrictions créent des barrières injustifiées et limitent la participation politique des jeunes. En l’état, l’avant-projet de constitution peine à faire l’unanimité et risque d’attiser les tensions liées à la transition politique en cours.