Le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur l’ampleur de la crise humanitaire en Haïti. Dans son dernier rapport, l’organisation rappelle que plus d’un million de personnes vivent actuellement dans une situation de déplacement interne, fuyant la violence armée et l’insécurité généralisée.
Selon les données recueillies par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et relayées par le CARDH, 1 064 935 personnes sont actuellement considérées comme des personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI). Ces personnes ont dû abandonner leurs maisons à cause des combats, des menaces ou des pressions exercées par des gangs lourdement armés. Privées de toute protection, ces familles tentent de survivre dans des conditions inhumaines, vivant dans des écoles transformées en abris, des camps de fortune ou même dans la rue.
Certaines zones, notamment Croix-des-Bouquets, Tabarre et Mirebalais, concentrent le plus grand nombre de personnes déplacées. Le CARDH dénonce l’inaction des autorités centrales qui n’ont toujours pas mis en place une politique publique durable pour venir en aide à ces populations en détresse. L’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’éducation reste inexistant pour la majorité d’entre elles.
La situation de l’éducation est tout aussi alarmante. Le rapport fait état de la fermeture de 496 écoles traditionnelles dans les zones sous tension. Plusieurs lycées emblématiques de la capitale, comme Alexandre Pétion et Toussaint Louverture, sont désormais inaccessibles. L’enseignement supérieur n’a pas été épargné : des facultés comme la FDSE et l’Ethnologie ont dû être délocalisées, perturbant le fonctionnement des institutions universitaires.
Pour le CARDH, cette déscolarisation massive aura des conséquences profondes et durables sur la jeunesse haïtienne. L’organisation craint une génération sacrifiée, privée d’éducation, de stabilité et de perspectives. Une fois de plus, elle appelle l’Etat à prendre ses responsabilités face à une crise qui continue de s’enliser dans l’indifférence.