Quatre ans après que Martissant soit tombée entièrement sous le contrôle de gangs armés, le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) tire à nouveau la sonnette d’alarme. Dans une déclaration publique, l’institution demande aux autorités d’apporter une réponse rapide et concrète à cette crise sécuritaire prolongée qui affecte gravement les populations locales et menace l’ensemble de la région métropolitaine.
Selon le directeur exécutif de la CARDH, Me Gédéon Jean, entre 2021 et 2025, 28 territoires ont été perdus au profit des groupes armés, dont 25 dans la capitale Port-au-Prince. Cette situation alarmante illustre l’effondrement progressif du contrôle de l’Etat sur des zones entières du pays, laissant les citoyens livrés à eux-mêmes face à la violence et aux atrocités des bandes criminelles.
Dans ce contexte, la CARDH salue l’initiative du gouvernement intérimaire de faire appel à une société militaire privée pour intensifier la lutte contre les gangs. Toutefois, l’organisation insiste sur la nécessité d’un encadrement strict de cette collaboration, notamment en termes de respect des normes internationales en matière de droits de l’homme.
Me Gédéon Jean attire l’attention sur le fait que la société Blackwater, pressentie pour cette mission, a déjà été impliquée dans des abus lors de son intervention en Irak. Il met en garde contre des abus similaires en Haïti, appelant à une gestion rigoureuse et transparente de cette potentielle coopération sécuritaire.
Enfin, la CARDH appelle les autorités haïtiennes à renforcer le soutien à la Police Nationale d’Haïti (PNH) et à la Force Multinationale de Sécurité en cours de déploiement. Pour Me Jean, une telle approche combinée assurerait une plus grande efficacité dans la récupération des territoires perdus, tout en protégeant les droits fondamentaux des citoyens.