Jeudi 3 juillet 2025. Un autre jour de deuil s’ajoute au triste calendrier de la Police Nationale d’Haïti. Keurette Duckenson, jeune officier de l’unité BI, fraîchement promu au 26ème grade, a été fauché par des balles assassines près du pont Fer-à-Cheval, dans la zone de Sarazin, lors d’un nouvel affrontement entre la PNH et les groupes armés qui sèment la terreur sur l’axe Mirebalais-Lascahobas. Le même jour, Roland Raphaël, policier de la 24ème promotion, a été atteint d’une balle au poignet. Un autre policier blessé. Un autre policier tué. Nouveau silence de l’Etat.
La République semble s’habituer à voir tomber ses officiers. Des enterrements à répétition, des drapeaux en berne, quelques discours creux, puis l’oubli. Où sont les actions concrètes ? Où est le plan national de reconquête des territoires contrôlés par les gangs ? Où est la volonté politique de mettre fin à l’effusion de sang ? Pendant que les groupes armés se réorganisent, changent de zone et s’enhardissent, la police se bat avec des armes inégales, sans ressources suffisantes, sans équipement approprié, sans stratégie cohérente.
Le cas de Keurette Duckenson n’est pas isolé, il est symptomatique d’une République qui envoie ses fils au combat, sans garanties, sans protection, et souvent, sans reconnaissance. Et pourtant, ils restent debout. Malgré la peur, malgré la mort qui rôde, ils s’accrochent à leur uniforme comme à une dernière illusion de dignité. Mais pour combien de temps encore ? Combien de Sarazins, de Carrefour-Feuilles, de Marianis faudra-t-il pour que l’on comprenne que l’État ne peut plus se contenter d’une posture défensive ?
Il est temps d’arrêter de compter les morts. Il est temps d’agir. Donner aux policiers les moyens réels de se défendre et de défendre la population. Leur apporter un soutien psychologique, une couverture médicale et une assurance de survie pour leur famille. Surtout, il faut en finir avec l’indifférence. Car un pays qui laisse tomber ceux qui le protègent se laisse tôt ou tard tomber lui-même.
La mémoire de Keurette Duckenson mérite plus qu’un simple communiqué. Elle mérite une République debout.