Des policiers haïtiens seraient impliqués dans le trafic de munitions à destination de gangs armés, selon un rapport de l’ONU. Deux agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH) ont été arrêtés en octobre et novembre 2024 avec plusieurs milliers de munitions. Ces munitions auraient été obtenues avec la complicité d’autres policiers, dont un employé de l’armurerie centrale.
Le document de 60 pages, transmis au Conseil de sécurité de l’ONU, met en évidence l’ampleur du commerce illégal d’armes en Haïti. Il révèle l’existence d’un réseau transnational impliquant la PNH, les Etats-Unis et la République dominicaine, ainsi que de graves lacunes dans le contrôle des frontières du pays.
En décembre 2024, un fusil AR-15 « fantôme » a été saisi à Cité-Soleil, illustrant l’accès croissant des gangs à des armes sophistiquées. Le rapport indique également que certaines missions diplomatiques ont importé des armes sans l’aval du comité des sanctions de l’ONU, tandis que des sociétés de sécurité privées opèrent sans véritable contrôle de l’Etat.
Le rapport accuse également les consuls honoraires de profiter de leur statut pour faire de la contrebande d’armes. En République dominicaine, des policiers sont soupçonnés de revendre des munitions à des réseaux haïtiens. En juillet 2024, la saisie de 5 000 munitions à Mirebalais a permis de remonter aux stocks officiels. L’ONU estime que plus de 900 000 pièces ont été détournées par ce réseau.
Face à cette situation préoccupante, les experts de l’ONU appellent à un renforcement immédiat du contrôle des armes, à une réforme des institutions concernées et à une coopération régionale accrue pour lutter contre ce trafic qui menace la sécurité du pays.