La transition politique en Haïti est au bord du précipice. Ce constat, amer et alarmant, s’impose face à la stagnation mortifère qui paralyse le Conseil Présidentiel de Transition (CPT).
Sous la direction de Fritz Alphonse Jean, l’institution censée piloter le pays vers des élections et une sortie de crise digne s’est transformée en symbole d’immobilisme.
La preuve est accablante : seulement deux conseils des ministres organisés depuis sa mise en place.
Cette impasse n’est plus tenable. Elle menace l’échéance cruciale du 7 février 2026, date butoir pour la remise du pouvoir à un gouvernement élu.
Face à cette urgence, des décisions courageuses et immédiates s’imposent au sein du groupe majoritaire du CPT.
La solution passe nécessairement par un changement à la tête du Conseil. Le profil conciliant et rassembleur d’Edgard Leblanc Fils apparaît comme la clé pour briser le cercle vicieux de l’inaction.
Sa réinstallation à la présidence du CPT, en coordination avec le conseiller Laurent Saint Cyr, pourrait insuffler la nouvelle dynamique constructive désespérément attendue.
Il possède l’expérience et le tempérament pour relancer la machine institutionnelle et restaurer une confiance aujourd’hui en lambeaux.
Parallèlement, le maintien de Didier Fils Aimé à la Primature constitue un atout stratégique. Sa mission doit être claire et prioritaire : renforcer drastiquement la sécurité, socle indispensable de toute stabilité, en amplifiant les efforts du Task Force dédié.
Sa deuxième tâche impérative est de préparer concrètement le terrain pour des élections crédibles et transparentes dans les délais impartis.
Pour ce faire, un remaniement ministériel– qu’il soit partiel ou complet – orchestré par le Premier ministre est indispensable.
Il doit permettre de constituer une équipe gouvernementale plus efficace, alignée sur les priorités urgentes du peuple et entièrement dédiée à la réussite de la transition électorale.
Cette recomposition offre aussi l’opportunité cruciale de rétablir un équilibre nécessaire au sein du pouvoir exécutif. La présence simultanée de deux représentants du secteur privé (Laurent Saint Cyr et Didier Fils Aimé) aux postes clés risquerait, à juste titre, de susciter des accusations de collusion entre intérêts privés et politiques.
L’équilibre entre Edgard Leblanc Fils, figure du secteur politique, et Didier Fils Aimé, représentant du secteur privé, est donc une garantie de transparence et d’équité perçue.
La seule voie pour sauver les derniers mois de la transition et honorer l’engagement du 7 février 2026 passe par une réforme audacieuse et rapide au cœur même du CPT. Cela implique un changement de leadership pour redynamiser l’institution, une Primature concentrée sur la sécurité et les élections avec une équipe renouvelée.
Le groupe majoritaire du CPT détient désormais une lourde responsabilité historique. Il doit agir sans délai, avec courage et lucidité, pour éviter l’effondrement définitif du processus.