Depuis plusieurs années, André Michel est l’une des principales voix de l’opposition politique en Haïti. Il critique avec véhémence le pouvoir en place. Mais cette position est-elle motivée par des principes ou par un désir inassouvi de prendre lui-même le contrôle du pays ? Sa récente mise en cause du Conseil présidentiel de transition (CPT) alimente cette question.
Une opposition intéressée ?
Le jeudi 6 février, lors d’une réunion entre l’Accord du 21 décembre et la CARICOM, Me André Michel a dénoncé l’échec du CPT et annoncé que la question serait débattue lors du prochain sommet des chefs d’État de la région. Cette déclaration forte marque un changement radical dans son discours.
Hier encore, il soutenait ceux qui mènent aujourd’hui la transition. Mais maintenant qu’il est en dehors du cercle des décideurs, il adopte un ton plus critique. Son attitude pose question : s’oppose-t-il vraiment par conviction ou parce qu’il a été écarté des leviers du pouvoir ?
Une position fluctuante
Ce n’est pas la première fois qu’André Michel change de camp. Sous Jovenel Moïse, sous Ariel Henry, puis avec l’actuel processus de transition, il a oscillé entre soutien et opposition, en fonction de sa proximité avec les cercles de décision. Tant qu’il avait un rôle à jouer, il prônait l’unité. Maintenant qu’il est à l’écart, il dénonce des dysfonctionnements qu’il ignorait auparavant.
Certes, la transition actuelle est loin d’être parfaite. Mais peut-il vraiment donner des leçons ? Il a lui-même participé aux discussions qui ont conduit à cette situation. Pourtant, au lieu de proposer des solutions, il se contente de pointer du doigt l’échec du CPT, dont il a été un acteur indirect.
Une stratégie risquée
En s’attaquant frontalement au CPT, sans proposer d’alternatives concrètes, André Michel risque de perdre en crédibilité. Sa rhétorique semble davantage dictée par une frustration personnelle que par une réelle volonté de changement.
Si son objectif est d’améliorer la gouvernance du pays, ne devrait-il pas adopter une approche plus constructive plutôt que de jouer le rôle d’éternel opposant ? Car à force de critiquer sans agir, il risque de ne plus être pris au sérieux.